Enseignement

Maître Kodo Sawaki (19— 1965)

L’étude.

«Si nous étudions, si nous apprenons et retenons des notions sur le zen, cela n’aura aucune influence  sur nous-mêmes, sur notre personnalité, rien de celle-ci ne sera changé par ces acquisitions. Si nous lisons beaucoup de livres sur le zen, seul la mémoire est intéressée et notre personnalité n’est pas changée, cela n’aide pas dans la recherche de satori:

Nous devons pratiquer zazen , je dis bien zazen et non pas zen. Zazen est la posture comme la posture en escrime kendo, et dans tous les sports traditionnels qui reposent d’abord sur la «garde». Zazen est sans ennemi mais cette posture doit être prise avec une sereine ardeur et ferveur , comme si la vie en dépendait; un moment de zazen équivaut à l’attitude dans un duel à mort. Si zazen n’est pas pratiqué avec cette grande énergie, ce sera sans résultat, même après un grand nombre d’années. Dans le cas contraire, le satori devient possible à l’instant même. Dans cette attitude d’esprit, on ne peut pas penser à satori, ou à la mort, ou à la vie, il ne doit y avoir que concentration sur la posture  comme à l’escrime, si nous désirons vaincre, nous ne pouvons vaincre; de même pour atteindre le satori, nous devons l’oublier.»

Maître Kodo Sawaki

Maître Taisen Deshimaru ( 19–,1982)

  Le non-profit, Mushotoku.

« Un des principes les plus importants de Maître Dogen est qu’il ne faut ni désirer acquérir, ni donner avec idée de recevoir. Mushotoku est le principe essentiel. Il est concrétisé par Shikan-taza; l’art de s’asseoir sans but.

  Lorsque l’homme agit ou donne , il veut recevoir en retour, mais le Zen est la philosophie de la gratuité.

  En zazen on doit tenter d’obtenir le «plus haut de soi» avec un parfait désintéressement. S’il y a  désir de but, le but est manqué. Le pur devient impur.

Ainsi dans toute oeuvre d’art, toute création, l’artiste doit se donner entier, sans s’occuper d’atteindre la gloire, la beauté, la richesse, et sans sacrifier à des modes. Il doit s’exprimer de son mieux , sans compromission. alors l’oeuvre pourra être belle, pure, humaine.

Il en est ainsi de la recherche de la sagesse. Le disciple ne doit pas désirer la Sagesse ni le bonheur. Mais il obtiendra  la sagesse si , jour après jour, il veille à se connaître, à se dépasser, à se donner sans en attendre aucun profit personnel. S’il obtient la gratuité de ses actes, le bonheur viendra par surcroît.

Tout attachement, quelle qu’en soit la nature, aliène la liberté humaine.

Briser les liens, les habitudes, aimer sans attachement, agir sans but personnel.

Gardez les mains ouvertes, donnez, abandonnez toute chose sans peur de perdre, ne jamais chercher à acquérir, telle sera la discipline de l’adepte zen.

La vérité réside dans la simplicité.

Maître Dogen dit:  » Gardez les mains ouvertes , tout le sable du désert passera dans vos mains. Fermez les mains, vous n’obtiendrez que quelques grains de sable.

Soyez vigilants, disponibles à toute heure, aiguisez votre attention mieux que la plus fine épée. Alors seulement vous serez dans la Voie. »

Taisen Deshimaru 

Maître Kosen Thibaut


 La pratique de zazen
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Quand on commence la pratique de la méditation zen, le zazen,le matériel prédomine sur le spirituel,c’est tout à fait spécifique à cette pratique. Les directives enseignées sont très concrètes: la posture, le corps, la prise de conscience brutale de la partie matérielle de nous-mêmes. Pendant des années Maître Deshimaru ne nous a pas enseigné autre chose que les points importants de la posture corporelle.

Ensuite de cette rigueur matérielle, surgit un éveil à l’expérience du spirituel. 

Les trois points de la pratique du zazen à approfondir sont: la posture- notre relation avec notre corps physique, corriger, améliorer, équilibrer, stabiliser, détendre, ouvrir sa posture, ensuite la respiration qui est le secret le plus important du zen, enfin l’attitude de la réalité sur la perception, la conscience, la pensée , et la non-pensée.

Ce sont là les trois points importants de notre être, parce que finalement la pratique de zazen c’est notre être absolu, c’est prendre contact, revenir à notre nature originelle. 

Nous pensons que notre vie quotidienne est la réalité, mais en fait dans la vie quotidienne, on ne voit qu’une petite partie de la réalité, une partie fragmentée comme dans un rêve, on est pris dans son rêve, on manque de conscience globale des choses. En zazen on peut saisir notre existence dans sa globalité, prendre du recul et voir la totalité des aspects de notre vie. Effectivement cette posture , cette pratique qui existe depuis des milliers d’années, bien au-delà du bouddhisme, n’est pas facile, et un peu douloureuse. C’est tout à fait normal parce que c’est une approche non pas imaginaire mais réelle des choses, donc comment ne passerait-elle pas à un moment donné par la sensation aiguë et concrète de notre être matériel et conscient? On ne fait pas semblant, on n’imagine pas le corps, il est véritablement là, il est véritablement nous, et c’est à partir de cette base qu’on voit ensuite d’autres aspects, d’autres dimensions du corps, peut-être beaucoup plus confortables ou agréables. ( suivi de détails sur la posture…)

L’important c’est de tenir dans un équilibre qui ne nous demande pas d’action et pour arrêter l’action du corps il faut le maintenir dans une position stable, essayer un maximum d’utiliser la force d’inertie et l’attraction terrestre pour se positionner. Il faut trouver un équilibre dans lequel on peut s’abandonner, cela fait, relâcher le corps au niveau des articulations, en particulier celles des chevilles et des genoux…il faut être vigilant mais pas obsessionnel-essayer d’éliminer les tensions inutiles. 

                             Maître Kosen  84 ième successeur